Un berger et sa houlette




Si vous avez la chance d'habiter par exemple dans les Pyrénées, vous avez peut-être déjà croisé un berger qui dirige son troupeau de moutons. Il vous dira sûrement que tout berger qui se respecte doit avoir avec lui un bâton et une houlette. Mais vous êtes-vous jamais demandé à quoi cela servait ?

Et pourquoi ces deux instruments sont-ils mentionnés dans un Psaume ? La Bible utilise souvent des comparaisons tirées de la vie quotidienne et de la nature. Le Psaume 23 nous présente Dieu sous un angle différent. Il est Celui qui prend soin de son troupeau. Pour mieux nous faire comprendre quel sorte de berger Dieu est, Il met dans la bouche de David ses mots :

L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, A cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires; Tu oins d'huile ma tête, Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel Jusqu'à la fin de mes jours
Psaume 23 (Segond 1910)
Pour nous, citadins, le bâton et la houlette sont des instruments qui ne nous sont pas familiers. La traduction de la Segond 21 traduit houlette et bâton par conduite et soutien, traduction qui ne peut mieux rendre le sens initial.

Le bâton, du latin bastare qui signifie porter, s'appuyer, nous donne ici une idée de béquille, de soutien, de point d'appui. Ce bâton se montre utile dans les moments de fatigue, de faiblesse. Il représente le réconfort, la force, le fait d'être accompagné. Le Berger marche devant nous et lève son bâton. C'est le repère, le seul point fixe qui nous montre le chemin à suivre. On parle ici de roc, de forteresse, d'abolu et d'inaltérable. Dans un monde changeant et en constante évolution où tout disparaît, tout bouge, seule Dieu et Sa Parole restent les mêmes. Si j'accroche ma vie à cette présence indestructible, je la fonde sur une base inébranlable. Il devient mon repère, mon pilote, mon étoile du Berger (sic!), un point de repère fiable pour discerner les choses. Le mot hébreu (mish‘enah) utilisé ici pour décrire le bâton est traduit ailleurs par ressource.

En poussant un peu loin la métaphore, on peut voir le bâton comme une arme de défense. Dans les alpages, le berger s'en sert pour repousser les ennemis du troupeau. Ici, notre Berger nous protège, non contre des ennemis vivants, mais contre des pensées ou des situations qui menacent notre équilibre, notre bonheur. Ces ennemis peuvent être des angoisses, de la rancune, des idées noires, des pensées négatives... Dieu réduit à néant le mal qui tente de nous renverser, si nous le laissons bien sûr tenir ce fameux bâton !
La houlette est un bâton en forme de crosse, voire même équipé d'un crochet à partir du XIIIème siècle. Le mot houlette vient du vieux français qui signifie "jeter".




Le mot hébreu utilisé dans ce texte est shebet, traduit ailleurs par sceptre ou tribu selon le contexte. On peut y voir une notion d'autorité, de puissance. Pour comprendre comment Dieu agit, penchons-nous sur le mode d'emploi de cette houlette : le berger utilisait sa houlette quand un mouton s'éloignait. Il ramenait son petit protégé en le tirant par la patte arrière. David nous parle d'un Dieu qui nous atteint là où plus personne ne peut nous trouver. Même au fond d'un trou, Dieu vient nous chercher. Si nous faisons preuve de paresse spirituelle, que nous nous éloignons, que nous devenons tièdes, Il est dans une recherche continuelle et dynamique pour chaque individu qui compose son troupeau.
On utilise aussi la houlette pour toucher de loin le mouton ou la brebis et lui rappeler dans quelle direction elle doit aller. Ce sont des mises en garde pour leur propre sécurité. Dieu fait la même chose pour nous à travers Sa Parole. Certains passages de la Bible peuvent nous recadrer, nous remettre en cause. Ces contrariétés sont en fait source de progrès car l'Evangile nous met en mouvement vers la vie, l'amour, l'espérance, la plénitude et la joie.

A plusieurs reprises, Jésus aussi parle de berger dans Ses paraboles. Il se présente lui-même comme Celui qui rassemble son troupeau, comme la porte des brebis, comme le Bon Berger

Jean nous rapporte les paroles de Jésus :
Celui qui entre par la porte est le berger des brebis. Le gardien lui ouvre et les brebis écoutent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent et il les conduit dehors. Lorsqu'il les a fait sortir, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
(chapitre 10, versets 2 à 4)
C'est moi qui suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira, et il trouvera de quoi se nourrir. (verset 8)
Je donne ma vie pour mes brebis.J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos; celles-là aussi, il faut que je les amène; elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau, un seul berger. (versets 15 &16)

Je voudrais nous encourager, toi lecteur et moi aussi bien sûr, à écouter la voix de ce parfait berger. Faisons-lui confiance et avançons, guidés par sa houlette et son bâton.



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