Vers le lâcher prise




Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu (Matthieu 19:24)
Celui qui aime père et mère plus que moi n'est pas digne de moi (Matthieu 10:37)
Et que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme ? (Matthieu 16:26)

Que t'inspire ces versets ? Faudrait-il renoncer à tout relation avec ses proches ? A tout succès d'ordre matériel ? C'est ce que j'ai cherché à savoir, et voici le fruit de mes réflexions. 

En disant cela, Jésus cherche peut-être à nous emmener encore plus loin, vers deux notions totalement contraires : l'attachement d'une part et le détachement d'autre part, également appelé lâcher-prise.

L'attachement serait-il mauvais ? En fait, ça dépent. Jésus n'a jamais dit qu'il fallait supprimer la tendresse, l'amour, l'empathie que l'on ressent pour d'autres personnes. Tant que cela reste équilibré. Il y a par contre un autre attachement : celui qui ronge, qui détruit, qui nous rend instables dans nos réactions. Ce sont en fait nos propres désirs qui prennent le dessus, au détriment quelquefois du Plan de Dieu pour nous. Cela peut conduire aussi à de l'orgueil : je m'attache à mes propres idées, je sais mieux que l'autre, j'impose mon point de vue, je juge. J'ai fait le rapprochement avec certains pharisiens qui sont attachés à leur image, aux qu'en dira-t-on. Ils prient en pleine rue pour être vus, vont se vanter de ce qu'ils font et sont imbus d'eux-mêmes face à Jésus. (voir par exemple Matthieu 6:5)

Les formes d'attachement sont variées. Il y l'attachement obsessionnel au passé : le futur ne peut pas être meilleur et le présent n'est pas vécu pleinement.
Il y a aussi l'attachement à une carrière, au point d'écraser les autres. 
Ou le fait de sur-stimuler ses enfants, de les mettre sous pression pour qu'ils réussissent à tout prix. 
Ce sont des exemples extrêmes et c'est volontaire. Faire carrière et avoir des enfants épanouis est bon en soi. Mais si le mauvais attachement s'en mèle, alors cela devient dangereux. 

Chacun d'entre nous pouvons vivre un attachement destructeur. Et puis, on prend quelquefois conscience que nous ne visons pas juste. Nous voulons tout maîtriser et tout contrôler. Nous devenons comme les chameaux trop chargés. Jésus pourtant nous propose une autre voie. Il nous dit :Quiconque en effet, voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie à cause de moi la trouvera (Matthieu 16:25)

Jésus nous parle ici d'une démarche d'abandon. Ce n'est ni de la démission, ni de la lâcheté. Ce lâcher-prise est le contraire du volontarisme, domaine où nous voulons tout faire par nous-mêmes.
En paraphrasant, on comprend la chose suivante : "nous sommes voués à notre perte tant que nous croyons tenir les choses et les personnes à notre disposition, tant que nous croyons pouvoir maîtriser le monde et exercer une domination sur lui."


La lâcher-prise est bien plus qu'une acceptation passive de la situation. C'est même le contraire de la passivité. Une citation attribuée à Marc-Aurèle nous le rappelle : "Mon Dieu, accorde-moi la sérénité d'accepter ce que je ne peux pas changer, le courage de changer ce que je peux changer et la sagesse pour discerner les deux."

Il  y a deux idées ici 
1. accepter la situation telle qu'elle est. "Je ne peux pas la changer, très bien, alors je vais changer mon regard, ma manière d'être." C'est loin de la passivité, car cela demande de l'observation et du temps. Cela demande de faire un choix sans cesse renouvelé : donner sa vie à Dieu. Demeurer en Lui jour après jour.
2. D'autre part, il faut savoir oser changer ce qui peut l'être. "Je ne suis pas capable, je n'y arriverai jamais, il n'y a rien à faire, c'est comme ça depuis toujours." Toutes ces réponses ne sont que des croyances négatives que nous portons sur nous et/ou sur les autres. C'est aussi une forme de déresponsabilisation. C'est le destin, la malchance, les autres, le système. En attendant, nous ne prenons notre vie en mains. 
Oui, il peut y avoir des peurs, et c'est normal. Mais au-delà de la peur, c'est le courage qui doit primer. 
3. En dernier lieu, le discernement fait son entrée. Il s'agit de prendre du recul et de la distance. C'est ce  travail de réflexion qui nous permettra de redevenir actif, de ne pas se victimiser, de modifier ce qui peut l'être et de laisser de côté ce qui ne peut pas l'être. 

Nous sommes tous et toutes passés par des moments de souffrance. Et c'est souvent le désesepoir et l'impuissance qui nous poussent à nous abandonner à Dieu. Avez-vous déjà vécu ce moment charnière où on se place face à Lui, que ce soit dans la tristesse ou dans la colère, et où on lui donne tout  : notre avenir, nos déceptions et nos projets ? Il ne nous reste qu'une seule chose à faire : lui confier tout ça et le laisser faire ce qu'Il veut.

Doit-on forcément atteindre de telles extrémités ? Ne pouvons-nous pas nous abandonner à Lui dans le quotidien, Lui laisser de la place dans notre placard intérieur ? Sommes-nous condamnés à passés par ces moments pour comprendre vraiment ce que Dieu veut pour nous ? Je ne crois pas. 

Je crois que dans tout ce processus, Dieu tient une place centrale. Il est Celui sur lequel on s'appuie, Celui qui va nous aider à réfléchir grâce à Son Esprit et au travers de Sa Parole. C'est Lui aussi qui nous accepte exactement comme nous sommes tout en nous encourageant à ne pas nous reposer sur nos lauriers. C'est Lui surtout qui nous regarde avec amour et nous incite à nous abandonner avec confiance. C'est Lui qui motive le changement et nous met en route, nous met en action. Si vous venons à Lui comme des fils et des filles, Il nous aidera à devenir nous-mêmes le changement que nous voulons voir dans le monde. L'abandon mène à la Lumière. Dieu nous donne de nouveaux repères et élargit notre horizon. Il nous rappelle que l'essentiel est l'amour et le partage.
C est un véritable acte de foi. "Je crois que le sens de ma vie peut être donné par Dieu, donc je Le cherche d'un coeur sincère." Loin d'être une formule magique, c'est un nouveau chemin qui s'ouvre, petit à petit. 


Lecteur de passage, je voudrais t'encourager à faire dès maintenant ce pas de foi avec moi et à laisser tout ce qui peut l'être dans les mains de Celui qui prend soin de toi.

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