Art journal d'une non-artiste - 4 raisons de commencer

Si vous me demandez si j'ai une âme d'artiste, je vous répondrai non sans hésiter. Et pourtant...

Depuis 15 ans environ, je noircis les pages de mes cahiers d'écolier. Ce sont des journaux intimes qui se remplissent de mots, de sensations, de colères et de joies. C'est un lieu où je parle de mes expériences avec Dieu, de mes attentes, de mes impatiences et des lumières qu'Il veux bien me donner. C'est une manière de prendre du recul, de déposer mes fardeaux et de reconnaître toutes les bénédictions dont je suis l'objet. Toute ma vie est consignée, date après date, et j'aime feuilleter parfois quelques pages. Je me rends alors compte qu'une prière d'une fois a été exaucée, qu'un avenir incertain est devenu magnifique présent. 

Mes stylos sont restés outil d'écriture, jusqu'au jour où j'ai commencé à avoir envie de couleurs, de formes, en un mot, de liberté. Alors de griffonnages en coloriages, j'ai commencé à vouloir explorer un endroit inconnu jusqu'alors : ma créativité. J'ai commencé timidement avec quelques crayons de couleur, un feutre noir et un bic 4 couleurs. Contre toute attente, j'y ai pris goût.

Alors, j'ai acheté un carnet où je pourrais laisser libre cours à mes expérimentations. Dans la continuité de mes mots, je m'exprime maintenant par mes images. Je tiens ce qu'on appelle un 'art journal'. 

 

Qu'est-ce que l'art journal ? 

Art journal ou journal artistique, tendance venue des Etats-Unis (comme souvent !) est un journal intime où l'expression se fait à travers diverses techniques artistiques, dites mixed media. Libre à chacun d'utiliser feutres, peintures, dessins, collages, encres, etc... L'objectif n'est pas d'arriver à un résultat esthétique, mais de passer un moment pour soi, face à soi-même. A ce propos, attention aux multiples vidéos YouTube et aux différents blogs où de superbes pages sont présentées. Si la tendance à la comparaison est facile et rapide, on y perdrait selon moi, tout l'intérêt de l'art journal. 

En effet, cette activité peut être riche d'enseignement. Voici quatre choses que j'ai pu observées sur moi-même, la relation aux autres et à Dieu.

1. Le chemin est plus important que la destination.

Pour les perfectionnistes, le résultat est la seule chose qui compte. L'art journalling prend cette habitude à contre-pied et propose justement de se concentrer sur la démarche seule. L'esthétisme n'est pas un but en soi. L'objectif ici est plutôt de se faire du bien en s'exprimant de manière différente. Ainsi, on se découvre un goût pour telle ou telle technique, on observe une attirant pour telle ou telle couleur en fonction de l'humeur du moment. 

Dans la vie aussi, il faut savoir quelquefois faire preuve d'humilité, se concentrer sur l'ici et maintenant sans chercher à trop anticiper, sans vouloir absolument atteindre la perfection dans nos actions. 

2. Le regard des autres ne compte pas.

Quand il faut laisser son carnet ouvert pour que la peinture sèche, on expose ses oeuvres et on se soumet au jugement des autres. Qu'il soit positif ou négatif. J'ai appris à laisser ma susceptibilité de côté. C'est un long chemin, mais j'essaie de me rappeler que l'avis des autres ne pourra jamais être aussi important que le regard bienveillant que Dieu porte sur moi.

3. On ne peut pas tout maîtriser.

Ce besoin irrépressible de tout contrôler est de plus en plus prégnant dans nos sociétés régies par la peur et la recherche de performance. C'est bien souvent une peur de l'échec qui se cache derrière ce stress permanent. Or, faire de l'art journal consiste justement à faire des erreurs, à se tromper et à expérimenter.

 

4. Je peux rencontrer Dieu aussi à travers mes patouillages.

Je suis à l'image de Dieu, créatrice comme Lui. Cette idée me porte quand je suis face à l'angoisse de la page blanche. J'attrape n'importe quelle image découpée dans un vieux magazine, n'importe quel tube de peinture, et je me laisse tout simplement aller. Les premières minutes sont encore souvent remplies d'appréhensions, mais je sais que le processus en vaut vraiment la peine.