Les herbes amères

Jacob Townsend, on Unsplash









Qui n'a jamais ressenti une certaine amertume face aux événements de la vie ? Ce ressentiment causé par un regret, par une déception, suite à une injustice ou à un échec nous est familier. Car cette émotion fait partie intégrante de notre quotidien. Comme nous, certains personnages décrits dans la Bible sont passés par là. Il y est question par exemple de Job qui perd tout et dont le coeur était tellement rempli d'amertume qu'il maudit le jour de sa naissance. Naomi la douce va jusqu'à changer son prénom et devient Mara, l'amère. (Voir le livre de Ruth). 
Asaph, quant à lui, nous a laissé un vibrant témoignage de repentance dans le psaume 73 : Lorsque mon coeur était aigri et mes reins transpercés, 22 j'étais idiot et je ne comprenais rien, j'étais devant toi comme une bête. (verset 21). 
Qu'ont en commun toutes ces personnes, ayant vécu à des époques et dans des circonstances pourtant bien différentes ? Elles sont profondément humaines et ont une réaction logique et légitime face aux épreuves qu'elles traversent. 

C'est un court verset du livre des Hébreux qui m'a poussé à m'interroger sur ce sujet. Avant cela, j'avoue ne pas avoir mesuré toutes ses implications. 

Ce passage situé au chapitre 12, verset 15 nous exhorte à
[veiller] à ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu, à ce qu'aucune racine d'amertume, produisant des rejetons, ne cause du trouble et que beaucoup n'en soient infectés. 

On peut facilement visualiser cette plante d'un nouveau genre, composée d'une racine (qui symbolise la racine et l'origine) et qui donnera forcément des fruits. Cependant, on ne discerne pas forcément qu'il s'agit d'une plante bien ancrée qui croît régulièrement et dont croissance, ancrée, dont l'arrachage demandera forcément des efforts.

Elle produit trois fruits principaux :

1. Une destruction de l'intérieur

Comme une tumeur, les pensées que l'on rumine deviennent ce que nous sommes. Elles peuvent conduire à changer son regard sur la vie : on devient ironique et aigri, on s'enferme physiquement et mentalement. Tout cela aboutit même parfois à une victimisation constante. Notre attitude est systématiquement justifiée par notre expérience et notre amertume. 

2. Une destruction de nos relations

Il peut  avoir conflit, voire rupture des les relations familiales ou communautaires.

3. Une distension dans notre lien à Dieu

 oui, il faut exprimer notre souffrance, notre mal-être et notre rancune. On le voit bien dans la vie de Job. Ce dernier n'a jamais rompu le dialogue et n'a pas cessé de mettre en lumière les étapes par lesquelles il est passé. 
Pourquoi ? Parce que Job avait compris que Dieu entend et comprend notre révolte. 
Mais il nous appartient d'être vigilants : un éloignement progressif et insidieux peut se produire. On peut aussi passer par une véritable phase de rébellion et de rejet. 

Rien n'est jamais perdu car Dieu nous attend constamment. Mais je ne cesse de me dire quand je reviens à lui après une longue période d'absence : quel temps perdu ! 

Alors comment sortir de ce cercle vicieux de l'amertume ? 

La seule question que je me pose dans ces moments-là est la suivante : "Quelle est ma priorité ?"
Et la réponse vient tout naturellement. Je dis à Dieu : "J'ai besoin de toi plus que d'une vengeance / d'une réponse à toutes mes questions / de ces herbes amères qui poussent dans mon coeur."

J'ai une nouvelle fois devant moi deux chemins : celui qui mène à la vie et celui qui mène à la mort. si je décide de choisir la vie, je peux dire 'Si je suis esclave de l'amertume, guéris-moi." Car la vraie guérison n'exige pas la vengeance. Elle amène le pardon. Que toute amertume, toute fureur, toute colère, tout éclat de voix, toute calomnie et toute forme de méchanceté disparaissent du milieu de vous" (Ephésiens 4:31)

Ne nous laissons pas asservir. Ne permettons pas à nos blessures de s'infecter. Soyons honnêtes avec nous-mêmes et ayons le réflexe de tout remettre au moindre petit goût d'amertume. Une toute petite plante s'arrache beaucoup plus facilement qu'une plante qui a eu le temps de grandir. Laissons donc à Dieu le soin d'entretenir le jardin de notre coeur. Il saura remplacer les herbes amères par les fruits de l'Esprit. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Hors du commun

Un berger et sa houlette

Respire : le nouvel album de Néis